Ressources

S’intéresser au bois mort et aux arbres d’intérêt biologique, c’est ouvrir une porte vers un monde incroyable et riche. Un peu comme si on rentrait pour la première fois en forêt, avec un nouveau regard et de nouveaux effluves qui nous parviennent aux narines. Aucun doute à avoir, cette découverte aiguisera votre curiosité !

Voici quelques liens vers des brochures, des documentaires et autres guides de reconnaissance pour vous aider à mieux comprendre ces incroyables moteurs de la biodiversité forestière.

Quelles sont les espèces sauvages favorisées par le bois mort ?

En forêt, on estime que 25 à 40% des espèces sauvages observées dépend intimement du bois mort. Une forêt riche en biodiversité est donc nécessairement une forêt riche en bois mort. On y retrouve notamment les pics et bien d’autres oiseaux cavernicoles, un incroyable cortège des champignons, des mammifères, la plupart de nos batraciens ainsi que de nombreuses espèces de chauves-souris qui s’y reposent mais aussi l’extraordinaire diversité des insectes qui se nourrissent ou se réfugient dans les arbres morts. De multiples ressources pédagogiques existent sur le sujet, on vous invite à consulter cet échantillon choisi pour sa qualité :

  • Un magnifique poster illustré de Ark Rewilding illustre cette incroyable diversité.
  • Un second poster édité par BirdLife donne aussi un bel aperçu commenté des principaux groupes d’espèces.
  • Enfin, l’institut de recherche forestière suisse propose un tour d’horizon synthétique des principaux groupes d’espèces qui colonisent le bois mort : oiseaux, insectes, mammifères, bactéries et champignons, mousses et lichens.

Le temps des forêts

Observer le bois mort, c’est aussi se questionner sur l’évolution de la forêt. Prendre le temps de réfléchir aux pratiques sylvicoles actuelles pour parvenir à faire cohabiter les multiples fonctions remplies par ces espaces vitaux que l’on considère souvent comme le dernier refuge de la nature. « Le temps des forêts » est un documentaire éclairant sur ces évolutions de François-Xavier Drouet que l’on peut désormais découvrir plus qu’en achetant le DVD.

Le bois mort, les arbres d’intérêt biologique et la loi

En Wallonie et depuis 2008, le Code forestier (article 71 du Code) impose aux forêts publiques le maintien de minimum deux arbres morts par hectare et d’un arbre d’intérêt biologique par deux hectares. De plus, pour les propriétés publiques de plus de 100 ha, il y a également obligation de désigner 3% de la forêt en réserve intégrale (peuplement feuillu où il n’y a plus d’exploitation). En forêt privée, des obligations proches existent depuis 2011 (article 2 et 3 de l’arrêté mesures générales Natura 2000) mais uniquement au sein des périmètres Natura 2000 et uniquement dans des propriétés de plus de 2,5 ha : obligation de maintien de deux arbres morts par hectare et d’un arbre d’intérêt biologique par deux hectares. L’équivalent de la réserve intégrale en forêt privée (et en forêt publique de moins de 100 ha) est l’îlot de conservation qui correspond ici à 3% de la forêt non résineuse désignée en site Natura 2000.

Dans ces textes de loi, l’arbre d’intérêt biologique est un arbre à cavités ou un arbre de dimension exceptionnelle et un arbre mort est comptabilisé qu’il soit couché ou debout, pourvu qu’il mesure minimum 40 cm de diamètre à 1,5m du sol.

Que se passe-t-il quand un arbre remarquable meurt ?

En Wallonie, un arbre est remarquable lorsqu’il figure sur une liste communale validée par le Gouvernement et/ou lorsqu’il rencontre les critères du Code du Développement Territorial (plus de 7 mètres de haut, circonférence de min 1,5 mètres, entièrement visible depuis l’espace public). Mais que se passe-t-il lorsqu’un tel arbre meurt, est-il toujours protégé de l’abattage ? La réponse est oui. Même mort, un arbre remarquable devra faire l’objet d’un permis d’urbanisme préalable si l’on souhaite l’abattre (sauf arrêté de police qui justifierait d’un risque imminent pour la sécurité). Il semble toutefois qu’il y ait aujourd’hui peu d’attention accordée au respect de cette protection à la mort d’un arbre remarquable. Résultat, nombreux sont les arbres remarquables morts qui sont simplement mis à terre et complètement exploités. Dans bien des cas pourtant, on pourra conserver la totalité ou une partie de l’arbre en faisant appel à un grimpeur-élagueur qualifié. Dans les parcs domaniaux par exemple, des “totems” sont systématiquement conservés sur une hauteur équivalente à la distance au chemin le plus proche.

Autre question de savoir si on peut inscrire un arbre déjà mort sur une liste d’arbres remarquables. Si rien dans le CoDT ne l’interdit, il faut être conscient des risques pris en cas de chute et de dégâts. On pourrait donc l’envisager dans des cas bien particuliers (présence d’espèces ou intérêt paysager justifiant le maintien de cet arbre mort) et des situations non problématiques ou moyennant l’adoption de mesures de prévention des risques (sécurisation par coupe de branches dangereuses, affichage et zone de protection).

 

Même à la mort de ce chêne remarquable (arbre forestier mais repris sur une liste communale), il restera protégé de l’abattage. Retrouvez la cartographie des arbres et haies remarquables en suivant le lien repris en référence.

 

État des lieux

On parle de la présence du bois mort, comme indicateur de la biodiversité forestière, dans l’inventaire permanent des ressources forestières en Wallonie, voir la fiche ici. Le bois mort est aussi un indicateur clé reconnu au niveau européen et dont l’abondance est désormais régulièrement évaluée dans les rapports périodiques de l’État de l’environnement wallon. Découvrir les indicateurs de biodiversité forestière et l’évolution du bois mort en Wallonie en parcourant la fiche actualisée de l’état de l’environnement.

Tout savoir sur les dendromicrohabitats

Un dendromicrohabitat, c’est quoi ? Chaque arbre a ses particularités. Ici un beau hêtre avec un décollement d’écorce, là un chêne avec une charpentière creusée de loges, plus loin encore un bouleau rempli de mousses et de lichens. Le point commun entre toutes ces particularités : un milieu (habitat), de petite taille (micro), disponible sur un arbre (dendro). C’est à chaque fois un “dendromicrohabitat” et à chaque fois une opportunité de développement pour des espèces aux besoins très précis : chauves-souris, oiseaux cavernicoles, invertébrés, champignons, plantes, etc.

Plus de Bois mort en forêt

L’association wallonne Forêt & Naturalité est particulièrement active sur la thématique de la libre évolution en forêt. Elle a produit un dossier de synthèse qui explique pourquoi il faut maintenir plus de bois mort en forêt, enjeu majeur pour la résilience et la biodiversité. Ce dossier accessible très complet est téléchargeable via ce lien.

Découvrir les polypores

Il existe pas moins de 157 espèces de polypore en Wallonie ! On les retrouve sur les arbres morts et les arbres d’intérêt biologique. Pour les reconnaître et découvrir ce groupe spécifique, le Service public de Wallonie a publié une clé de détermination et un atlas de répartition de ces espèces étonnantes. Cette publication est accessible ici.

Regards croisés sur les forêts en libre évolution

Il y a autant de regards sur la forêt qu’il y a d’observateurs. L’intensification toujours plus forte de la sylviculture provoque un regain d’attraction vers les lambeaux de forêts plus naturelles, plus vivantes. Car l’homme et la vie sauvage ont besoin de lâcher prise pour se poser et se déployer. A bien y regarder ces forêts naturelles en libre évolution n’intéressent pas que les naturalistes et les écologues, elles sont un référentiel indispensable pour l’ensemble de la société.

La revue forestière française propose d’explorer trois regards complémentaires sur les forêts en libre évolution pour découvrir ce que l’on n’y trouve pas ailleurs. De quoi prendre une belle hauteur sur les gradients de gestion forestière.

Une forêt primaire en Europe de l’Ouest

Le botaniste français Francis Hallé œuvre à la reconstitution d’une forêt primaire en Europe de l’Ouest. Un large espace transfrontalier d’environ 70.000 hectares où seule la dynamique naturelle sera à l’œuvre et où le bois mort sera aussi abondant que le bois vivant pour une biodiversité maximale. Pour découvrir ce projet titanesque et inspirant, rendez-vous sur le site de l’association Francis Hallé.

Circulaire Biodiversité en forêt

En Wallonie, la Circulaire Biodiversité en forêt qui date de 2010 est un des premiers textes à mettre en avant concrètement la protection du bois mort et des arbres d’intérêt biologique dans la gestion forestière.

 

Kit pédagogique forêt naturelle

L’association française Francis Hallé pour la forêt primaire propose un kit pédagogique complet pour parler de forêt naturelle et de l’importance du bois mort aux enfants. Documents pédagogiques et formation gratuite sont accessibles via ce lien.